BRAFA 2022

19.6.2022 - 26.6.2022
BRAFA 2022

Hibernation by Nina Tomàs

18.11.2022 - 17.12.2022
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La main peint ce que l'oeil seul ne voit pas

 

Avec les moyens de la peinture principalement, Nina Tomàs explore différents états de conscience qui nous sont livrés comme le rendu d'une expérience psychosensorielle unique et éphémère. Au-delà des apparences très pop, voire psychédéliques de ses œuvres, il est question du lien fragile qui unit la réalité et l'imaginaire au moment de l'acte créateur, dont l'inscription au sein de l'histoire de l'art est avérée.

 

Il ne s'agit pas ici d'épiloguer sur cet outil magnifique, qualifié « d'hallucination artistique » par Flaubert, auquel toute une généalogie d'artistes, d'écrivains, de philosophes ont eu recours, de William Blake à Sigmar Polke, pour reprendre la chronologie établie par Jean-François Chevrier1. Mais tout de même, de re-situer pour les besoins de notre analyse, les caractéristiques de ce « médium » qui en ont fait

un puissant révélateur des enjeux sociétaux à différentes époques. Car comme le dit Chevrier : « Les réinventions de l'art visionnaire depuis le XIXème siècle ne sont pas issues, sur un mode sauvage et spontané, d'une '' révolte romantique '' contre l'empire de la raison positive, ni d'un nouvel attrait pour l'occulte et les miracles de l'esprit. Elles sont passées par le double filtre de la critique et de la clinique. »2 L'hallucination artistique (on ne parle pas ici de délire pathologique) procède surtout d'une négation de l'actualité perceptive, c'est-à-dire plus simplement d'un déni de l'environnement et des phénomènes extérieurs y afférents. Ce qui en fait un puissant outil subversif au service d'idéaux politiques et artistiques, tel qu'on pu l'expérimenter les surréalistes, par exemple.

 

Pour en revenir à Nina Tomàs et au titre de l'exposition qui nous occupe, Hibernation, il apparaît que l'altération du champ perceptif soit plutôt affaire d'engourdissement et de ralentissement des fonctions organiques du corps. Différente du sommeil, l'hibernation renvoie en effet à une phase de dormance, plus animale ou végétale qu'humaine. En cela, le titre de l'exposition introduit une double lecture : à la fois liée au cycle de la nature et des saisons, mais également à l'activité psychique humaine, comme

l'indique les nombreuses représentations de coupes de cerveau, au rendu multicolores. À l'origine, cette technique d'imagerie scientifique cherche à élucider le mystère de la psyché, en un mot à rendre visible l'invisible. En s'emparant de ces images pour les broder sur du tissu, Nina Tomàs en fait un motif qui loin d'être uniquement décoratif, nous emmène à questionner cette intériorité. Par ailleurs, la

figure du dormeur (ou plutôt de la dormeuse, puisqu'il s'agit d'autoportraits de l'artiste) démultipliée en autant de facettes et de points de vue différents, interroge la nature de l'activité cérébrale au repos. Ces représentations extrêmement réalistes, inspirées de photographies et exécutées à la mine de plomb, tranchent avec l'imagerie colorée et plus onirique, mais à la facture tout aussi maîtrisée des petites peintures qu'elles côtoient. Intériorité et extériorité, corps et esprit, loin d'être dissociés participent d'un même mouvement, d'un même acte créatif.


 

Pourtant, Nina Tomàs ne semble pas donner libre cours à ses pensées, à la manière dont André Breton parle de l'écriture automatique : « Surréalisme, n.m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. »1 Les visions de la peintre sont très méthodiquement organisées et scrupuleusement exécutées, selon un programme prédéterminé, si bien qu'il est même difficile de parler de spontanéité.

En revanche, l'ornement apparaît dans ses œuvres sur toile - le textile étant à la fois support et quelque fois même, objet de la représentation - comme le lieu d'un abandon du corps, d'un laisser aller à la répétition d'un même geste et d'un même motif.

Le détail est propice à la divagation, mais permet également au rêveur/spectateur de se raccrocher à une certaine réalité, aussi mouvante soit-elle. Il en va ainsi d'une réinterprétation du célèbre Déjeuner sur l'herbe de Manet, dont le statut d'inachèvement concoure à donner à la scène un caractère énigmatique, tandis que le délicat modelé des personnages et les jeux d'ombres et de lumière la font prendre vie, littéralement, sous nos yeux. On sait combien nombre de détracteurs de l'œuvre de Manet ont commentés en leur temps cette différenciation de la touche entre des zones laissées délibérément floues et d'autres travaillées avec une insistance qui les rendaient suspectes selon eux. Cette différence de traitement se retrouve pareillement chez Nina Tomàs lorsqu'il s'agit par exemple de souligner les plis - on aurait envie de dire le drapé - du costume d'une nettoyeuse de rue. Une manière s'il en est d'abolir

la hiérarchie des genres et de s'en prendre, sous couvert d'un excès de réalisme, à l'héritage de la grande peinture d'histoire qui passa sous silence les opprimés (dont en premier lieu, les femmes).

 

Il convient toutefois de nuancer ce propos naturaliste sur la peinture ou du moins de le relativiser, en notant la présence au sein de cet environnement pictural très étudié de petits objets dont l'aspect immédiatement identifiable font basculer le fantasme du côté du trip. Comme dans Alice au pays des merveilles, c'est par le truchement de substances hallucinogènes qu'Alice pénètre dans une réalité seconde, un monde parallèle au nôtre, au-delà des apparences (et du fameux miroir). Ainsi des petites pilules aux couleurs acidulées alignées le long d'une étagère à portée de main, dont on ne sait si elles sont seulement offertes à la vue ou bien si elles incitent à être prises à la dérobée. Pour ajouter à la confusion, l'artiste a reproduit en porcelaine certains cachets, dissimulés parmi la pharmacopée exposée - constituée de somnifères, mais pas que - si bien qu'il est difficile de distinguer le vrai du faux. Sans pointer du doigt

le phénomène d'accoutumance ou d'addiction, Nina Tomàs suggère le rôle que ces narcotiques « maison » peuvent avoir dans une forme de déréalisation du monde, transformant des visions cauchemardesques en rêveries apaisées ou inversement. Si l'image est stupéfiant, pour paraphraser le poète Louis Aragon, gageons que la main, elle, peint ce que l'œil seul ne voit pas.

 

 

Septembre Tiberghien, 2022

 

 

 

 

1  Jean-François Chevrier, L'hallucination artistique de William Blake à Sigmar Polke, Paris, édition l'Arachnéen, 2012.

2  Op.cit. p.9

 

 

 

 
   

 

 

1 André Breton, Manifeste du surréalisme, 1924.

Hibernation by Nina Tomàs

Brussels Art Walk supported by BRAFA en collaboration avec la Manufacture royale De Wit

17.2.2022 - 20.2.2022
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A l'occasion du Brussels Art Walk supported by BRAFA, Nosbaum Reding Bruxelles est heureux de collaborer avec la Manufacture royale De Wit. 

 

Du 17 au 20 février, les œuvres abstraites de l'artiste allemand Peter Zimmermann seront confronté à une sélection de tapisseries anciennes, dans un dialogue hétéroclite, mêlant art ancien et contemporain.

 

Vernissage : Le jeudi 17 de 14h à 21h

Ouverture du vendredi au dimanche de 11h à 18h.

 

Brussels Art Walk supported by BRAFA en collaboration avec la Manufacture royale De Wit

Habiter la terre | Barthélémy Toguo

16.6.2023 - 17.9.2023
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HABITER LA TERRE

Barthélémy Toguo

Du 16 juin au 17 septembre 2023 à la HAB Galerie

Passant librement d'une technique à une autre — dessin, peinture, encre, aquarelle, gravure, sculpture, installation, vidéo et performance — Barthélémy Toguo, voyageur insatiable et attentif à l'actualité sans limite culturelle et géographique, se préoccupe des inégalités et crises qui partagent le monde.

L'exposition Habiter la terre est une véritable traversée dans l'oeuvre de l'artiste qui choisit pour l'occasion de mettre en dialogue des œuvres monumentales et emblématiques. 

Notamment Road to Exile, gigantesque barque débordant de ballots et envahie d'une mer de bouteilles, et Urban Requiem, assemblage de tampons en bois sculptés et de leurs empreintes imprimées, dont les slogans sont empruntés à des mouvements contestataires et à des oeuvres anciennes et nouvelles. Ces pièces plongent d'emblée dans la problématique de l'exil et des violences faites à celles et ceux qui tentent au péril de leur vie de traverser les frontières pour échapper aux guerres, aux famines et aux catastrophes écologiques, ainsi qu'à toutes les personnes victimes de rejet et de discrimination. 

L'exposition se complète par la présentation en plusieurs salles de Bandjoun Station, oeuvre d'art totale de l'artiste au Cameroun : centre d'art, musée, résidence d'artistes, et projet social et écologique agricole ; ainsi que d'oeuvres présentées pour la première fois en France. 

Barthélémy Toguo, né en 1967 au Cameroun, installé au début des années 90 en Europe et devenu citoyen français, reste profondément enraciné dans son pays natal où il a créé Bandjoun Station, fondation qui accueille en résidence des artistes et des chercheurs du monde entier. IL VIT ENTRE PARIS ET BANDJOUN STATION (CAMEROUN). IL EST REPRÉSENTÉ PAR LA GALERIE LELONG & CO (PARIS) ET NOSBAUM REDING (LUXEMBOURG).

Habiter la terre | Barthélémy Toguo

Nosbaum Reding à Art Antwerp (BE)

16.12.2021 - 19.12.2021
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Antwer Expo
Jan van Rijswijcklaan 191, 2020 Antwerp

OPENING DAY
Thursday 16 December 2021
Preview | 10 am – 4 pm
Vernissage | 4 pm – 8 pm

PUBLIC DAYS
Friday 17 December 2021
Saturday 18 December 2021
Sunday 19 December 2021
11 am – 7 pm

Nosbaum Reding à Art Antwerp (BE)
< 01 02 03 04 05 06 | 07 >

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