Nosbaum Reding Projects is a programme of guest-curated exhibitions showcasing young emerging artists from around the world.

Guest curators: Alberto Garcìa del Castillo, Agata Jastrząbek, Sophie Jung, Eglė Kulbokaitė

4, rue Wiltheim L-2733 Luxembourg
Tuesday-Saturday 11:00 - 18:00
projects@nosbaumreding.lu

Vernissage, jeudi 16 juin à 18h, en présence de l'artiste

  • Grégory Durviaux

A Spotlight at Night

16.6.2016 - 12.8.2016

C?est curieux?: un double mouvement de succion et de propulsion a lieu dans la peinture de Gr?gory Durviaux. Ces mots ont une sourde charge ?rotique, le lecteur troubl? le percevra aussit?t?: couvrez ce sein que je ne saurais voir? Or, dissipons cette g?ne et r?jouissons-nous car le but en peinture n?est finalement jamais de d?velopper une esth?tique mais bien une ?rotique. Et voil? une ?rotique ? l??uvre dans les tableaux de Gr?gory Durviaux, op?rant par succion et propulsion. Quelque chose vous aimante, absorbe presque votre sang. Et ensuite a lieu une ouverture brusque de la focale, une dilatation qui ?largit la perspective d?un coup de rein, donnant ? l?image que vous contemplez une plus grande dimension.
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C?est curieux?: il y a une dynamique philosophique dans la peinture de Gr?gory Durviaux. Rappelons qu?il s?agit de sa br?ve formation d?origine. Il a suivi deux ann?es de philosophie ? l?Universit? Libre de Bruxelles avant de poursuivre son cursus ? l?Ecole de Recherche Graphique sous les auspices de Marcel Berlanger. Si ces ann?es ont ?t? br?ves, si elles sont d?j? lointaines, il faut cependant y revenir. Non pas pour voir dans les travaux r?cents des d?ductions d??cole mais plut?t pour bien se souvenir de leur cadre d??closion. Du reste, on ne choisit pas sa formation, c?est elle qui vous choisit. Si Durviaux est venu ? la philosophie puis ? l?Erg, c?est que cela devait advenir. C??tait marqu? dans son ADN. Et que voit-on dans cet ADN?? On observe que l?artiste proc?de par th?se et antith?se?: il nous propose souvent une image et son contraire, un avant-plan et un arri?re-plan, psychiquement m?l?s. La peinture comme la philosophie est le lieu o? des contraires sont n?goci?s.

Quant ? l?Erg, il faut rappeler qu?il s?agit d?une ?cole qui fut fond?e sur une adh?sion enthousiaste ? l?art conceptuel et ? la pluridisciplinarit?. Or, ces virages artistiques n?ont pas ?t? faciles ? n?gocier pour les peintres. Comment faire image sans image, sans mati?re?? Comment faire de la peinture en regard de la photographie, de la publicit? ? Telles ont ?t? les questions des artistes dans les ann?es quatre-vingt, apr?s l??closion de l?art conceptuel donc, quand il s?agissait d?en d?duire les cons?quences. Durviaux, dans la tension qu?il installe entre peinture et non-peinture (son go?t par exemple pour le travail au pistolet, pour le support m?tallique, pour la source photographique indiff?renci?e) h?rite de ces probl?matiques. Il se trouve dans le sillage de l?appropriationnisme, et de l?apr?s pop art. Evidemment une figure vient automatiquement ? l?esprit ? cause de la fa?on dont on a m?diatis? son ?uvre avant de l?inscrire de facto dans l?histoire de l?art?: celle de Christopher Wool, un artiste am?ricain.
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C?est curieux?: Durviaux est l?auteur d?une peinture am?ricaine impossible. Elle v?hicule un fantasme d?Am?rique qui ne saurait s?accomplir car l?artiste est d?origine belge et a v?cu par ailleurs longtemps au Luxembourg. Ce sont en v?rit? ces univers-l? que l?on devine en filigrane de ses images?: les for?ts de conif?res, les plaines agricoles et bien s?r les autoroutes omnipr?sentes dans nos r?gions. C?est cela notre Far West qui ob?it ? une logique int?rieure toute diff?rente de l?original. Nous murmurons chez nous une m?lop?e symboliste. Spilliaert, peintre symboliste belge, a d?ailleurs consacr? la fin de sa vie ? peindre des sous-bois en Ardennes apr?s avoir quitt? les brumes d?Ostende.
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Cependant, cette impossibilit? d??tre am?ricain ne doit pas ?tre consid?r?e d?une fa?on p?jorative. Durviaux est loin d??tre le seul dans son cas (songeons seulement ? Koen van den Broek ou ? Tina Gillen, autre peintre du Luxembourg exprimant de m?mes sympt?mes). Il s?agit au contraire d?une nouvelle donne, propre ? la g?n?ration actuelle d?artistes car origines et onirismes, ? pr?sent, se m?tissent. L?art et les existences s?internationalisent. On voyage, on r?ve de vivre ici ou l?. On voit tant et tant de choses. On na?t ? toutes ces choses. On est dans la l?g?re inqui?tude, la l?g?re excitation d??tre ici et l?-bas, de rester (d?aimer??) et de fuir en m?me temps, d?avoir la possibilit? mat?rielle de tout quitter, ne serait-ce qu?en pens?e?
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C?est curieux?: le calme vient apr?s la temp?te. On ne parlera pas de l??il du cyclone, car une fois encore, il n?y a pas de cyclone dans nos contr?es. Il y a plut?t des ond?es, et des sous-bois o? s?abriter, des pique-niques impromptus ? organiser, des herbes hautes dans lesquelles se coucher. Ultimement, les tableaux de Durviaux sont des refuges, o? l?on attend que viennent la synth?se philosophique, la fin de l?orage, la fin des ind?cisions, la fin des oppositions trop simples entre les peuples, les identit?s ? soit le d?but de la nuance. C?est curieux?: on peut l? se reposer.


Yoann Van Parys




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