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Steve Veloso

02.9.2015 - 19.9.2015

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La face cachée de la lune

 

Pour Steve Veloso la remise en question de l’art est primordiale, tant au niveau de sa création, que de sa monstration et de sa réception. En tant qu’artiste il refuse l’idée de se cantonner à un médium unique, voire ne cherche pas du tout à produire quelque artefact particulier. Selon lui tout est déjà présent. Ainsi la reprise d’images et de principes existants pour les reconsidérer, les réinterpréter et tisser de nouveaux liens par la mise en relation ou le déplacement fait partie intégrante de sa pratique. Steve Veloso explore le champ des possibles et réfute l’idée d’une histoire unilatérale inventée et validée par notre société occidentale. Bien plus il s’intéresse au potentiel évocateur des choses qui nous entourent et qui façonnent notre regard d’une certaine manière. Son champ d’investigation comprend autant l’art que la culture populaire, la science ou encore la philosophie. Il déconstruit les composants de ses sujets et les questionne dans une démarche conceptuelle axée autour de trois principes : l’analytique, le critique et le poétique.

 

“La réalité dépasse la fiction, car la fiction doit contenir la vraisemblance,

mais non pas de la réalité.” Mark Twain

 

La première œuvre présentée par Steve Veloso dans son exposition – et choisie également comme visuel de communication – est une image reprenant un disque foncé parsemé de points blancs faisant spontanément penser à une carte du ciel ou une vue d’un ciel étoilé. Qu’il s’agisse en réalité d’une assiette remplie de miettes et de traces de farine renvoie directement à une réalité on ne peut plus concrète. Veloso joue sur cette dichotomie et pointe du doigt la tendance de l’être humain à réduire le champ des possibles à sa connaissance directe et à rapidement écarter tout le potentiel contenu dans une simple image pour la réduire à une lecture unique bien cadrée dans un contexte particulier. Steve Veloso souhaite contrecarrer cette tendance en rapprochant des images et concepts qui peuvent sembler éloignés, mais qui une fois juxtaposés se dévoilent sous d’autres angles et de fait voient leurs relations et leurs histoires réécrites.

Le diptyque photographique Manzoni/Blue Marble reprend d’un côté la première photographie couleur de la Terre vue de l’espace en 1972, de l’autre une image du Socle du Monde (1961) de l’artiste Piero Manzoni. Outre l’aspect formel des deux images, les rapprochements se font à plusieurs niveaux. Si déjà en 1961 Manzoni déclarait par cette intervention que le monde en soi est une œuvre d’art et qu’ainsi tout art(iste) devient obsolète – concept auquel adhère Steve Veloso en tant qu’artiste en s’intéressant à ce qui existe plutôt que de créer de nouvelles formes –, il fallut néanmoins onze années de plus pour pouvoir observer celle-ci dans son entièreté physique. Face à ces images – et à l’effet de distanciation brechtien qu’elles provoquent – tout devient insignifiant et tout nous échappe. La fragilité de notre être et de nos certitudes est mise à nu tandis que le nombrilisme de notre « microcosme » sociétal devient évident.

 

À partir de cette « remise à zéro » Veloso se permet toutes sortes d’associations entre différentes images : celle d’un masque africain Kuba, la pochette du disque Alladin Sane (1973) de David Bowie ou encore les dessins au crayon reprenant des motifs géométriques Kuba. L’artiste part, dans cette série d’œuvres, de l’abstraction moderne et contemporaine, l’utilisant comme archétype de l’art pour en retrouver ses origines les plus archaïques, elles-mêmes étant complètement hors du champ de l’art. Leurs racines se retrouvent plutôt dans les états seconds rituels provoqués par les psychotropes, incarnés ici par la photo du champignon hallucinogène Psilocybe Cubensis Mexicana. En retour les effets psychédéliques provoqués par ces champignons trouvent un écho visuel dans les photographies de reflets de prismes sur des plaques en verre, mais aussi une fois de plus dans les dessins de motifs Kuba, faits à la main par l’artiste dans un long processus initiatique d’appropriation, qui eux nous renvoient à nouveau vers l’esthétique de l’art cinétique des années cinquante.

La présence simultanée de toutes ces images et motifs dans un même espace souligne leur porosité et la perméabilité de concepts et relativise, voire dénonce le regard formaté « occidental » tout en dévoilant toute la beauté du potentiel de ce qui reste à découvrir.

 

Steve Veloso aborde l’art et la pratique artistique comme un voyage personnel, une quête vers de nouveaux horizons, loin des dogmes de l’histoire de l’art et de la superficialité du marché de l’art. Guidé par sa soif de connaissance, accompagnée d’un esprit critique aiguisé, nul ne peut prédire sur quoi son regard s’arrêtera demain.

 

Kevin Muhlen

 

 

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