Exhibited Works

Informations

Vernissage: samedi 20 janvier 2024 de 11h30 à 19h00, en présence de l'artiste.
Opening: Saturday 20th January 2024 from 11:30 until 19:00, in the presence of the artist.

 

Aleksandra Chaushova
Fine Bladed Pleasures

In the realm of artisans and craftsmen, there exists an exquisite artistry where skilled hands transform raw metal into delicate blades, knifes or scissors with precision and finesse. It’s a world of sharp arcs and deadly edges, made through ancient techniques and modern innovation adored by connoisseurs and collectors. And in this exhibition Aleksandra Chaushova (°1985, Sofia, Bulgaria – lives and works in Brussels, Belgium) relates her drawings to the production and the authorship of these objects, while probing into inquiries surrounding power dynamics and economic themes. Her highly detailed oil pastel and acrylic works on paper find their points of departure mostly in archives or documents, like the wallpaper that surrounds the whole presentation. The motif of these wallcoverings(1) comes in a rhythm of numbers and barcodes from a patent, claiming the ornamental design for a cigar cutter, and assigned to Les Fines Lames on the 9th of July 2019. On the two prominent blue drawings, elevated above eye level, you can see them very clear – the cigar cutters LE PETIT, ready to be slipped in a pocket or used as a miniature guillotine.

 

As the cigar cutters serve for cutting the end of the cigar before smoking, the pliers and the scissors are related to domestic use in kitchens, gardens and basements. On the bright drawing with a blue background, can be seen a little army of yellow pliers, designed to apply pressure, to hold firmly or to extract items. Based on the same principle – the one of the lever (which amplifies the input force), the scissors in blue make clean and precise cuts through paper or a variety of thin materials. These household tools with sharp edges are produced in different sizes, but certainly don’t come in the dimensions on these drawings.

 

On other drawings, one can see a shiny lighter with a rising flame and charging cables for an electric car, but – again – the things that these tools are made to operate, are not present. The desired cigar, the romantic candle, or the car, the items that they are supposed to set on fire, cut, squeeze or fuel are totally missing. You cannot use the caliper that is nevertheless quite present in the space, like a sculpture with the height of a person, without the attendance of a human figure in the artwork itself.

 

Although the title of the exhibition Fine Bladed Pleasures relates to attraction and delight, it’s also an oxymoron that combines opposing words within a dramatic phrase. The ambiance of the gallery space is clearly not related with conventional coziness, rather, it becomes a place that captivates the observer's attention towards the subjects themselves. Aleksandra Chaushova continues here to challenge the idea of the sublime with an interplay between seduction and terror. In a way it is a continuation of the series Burotica that started in 2019, where she also employs a range of historical objects resulting in drawings where fantasy and reality coexist. The stapler, perforator, or stamp might have suggested the ambiguous relation to domination, in this exhibition the tools seem to be even more aching and uncomfortable.

 

While watching the exhibition, you become entangled in a finely woven web that is stretched around lines and colors, playing with magnification, light, shade, measurements, and perspective. The objects came in a phase of evolution, always better and better towards perfection. They become characters with a certain expression and could initiate a conversation. A kind and beautiful invitation to engage in a dialogue about technology, authorship, economy, marketing, tradition, power, or domination.

 

Els Wuyts

January 2024

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(1) Manufactured by Masureel.


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Aleksandra Chaushova
Fine Bladed Pleasures

 

Dans le champ de l’artisanat, il existe un art exquis par lequel des mains habiles transforment le métal brut en lames, couteaux ou ciseaux avec précision et finesse. C’est un univers d’arcs pointus et d’arêtes mortelles, réalisés au moyen de techniques anciennes et d’innovations modernes, affectionnés par les connaisseurs et les collectionneurs. Dans cette exposition, Aleksandra Chaushova (née en 1985 à Sofia, en Bulgarie, vit et travaille à Bruxelles) montre des dessins qui touchent à la conception et à la fabrication de ces objets, tout en s’interrogeant sur les dynamiques de pouvoir et d’argent dont ils témoignent. Ses dessins délicats au pastel gras et à l’acrylique sur papier prennent pour point de départ des archives ou documents, à l’instar du papier peint sur lequel ils sont présentés. Le motif de ces revêtements muraux (produits par Masureel) se présente sous la forme d’une succession de chiffres et de codes-barres issus d’un brevet portant sur les ornements décoratifs d’un coupe-cigare déposé par la marque Les Fines Lames le 9 juillet 2019. Sur les deux dessins bleus accrochés de manière bien visible à hauteur des yeux, on voit qu’il s’agit du modèle « Le Petit », prêt à être glissé dans une poche ou utilisé comme une guillotine miniature.

 

Alors que les coupe-cigares servent à étêter le cigare avant de le fumer, les pinces et les ciseaux sont liés à un usage domestique (en cuisine, au jardin, à la cave…). Sur le dessin clair sur fond bleu, on aperçoit une petite armée de pinces jaunes, conçues pour exercer une pression, pour tenir fermement ou extraire des objets. Basés sur le même principe – celui du levier (qui amplifie la force motrice) – les ciseaux bleus permettent de pratiquer des entailles nettes et précises dans le papier ou toutes sortes de matériaux fins. Ces outils ménagers aux bords tranchants existent en différentes tailles – mais certainement pas aux dimensions suggérées par ces dessins.

 

Sur d’autres dessins, on peut voir un briquet luisant avec une flamme et des câbles de recharge pour voiture électrique, mais là encore, les objets pour lesquels ces outils ont été conçus sont absents. Le cigare tant convoité, la bougie romantique, la voiture : les objets qu’ils sont censés allumer, couper, presser ou alimenter manquent à l’appel. Impossible d’utiliser le pied à coulisse, qui est pourtant bien présent dans l’espace en tant que sculpture à taille humaine, sans la présence d’une figure humaine dans l’œuvre d’art elle-même.

 

Bien que le titre de l’exposition, Fine Bladed Pleasures (litt. « Plaisirs à double tranchant »), renvoie aux notions d’attirance et de plaisir, c’est également un oxymore qui associe des termes contradictoires pour créer un effet dramatique. En effet, l’espace d’exposition n’a rien de confortable au sens traditionnel, mais attire l’attention du spectateur sur les objets à proprement parler. Aleksandra Chaushova continue ici à défier l’idée du sublime au moyen d’un jeu entre séduction et terreur, dans le sillage de sa série Burotica (commencée en 2019), où elle représentait déjà une panoplie d’objets historiques dans des dessins où fantasme et réalité coexistent. Mais là où l’agrafeuse, la perforatrice ou le tampon suggéraient une relation ambiguë à la domination, les outils au cœur de cette exposition paraissent autrement plus douloureux et inconfortables.

 

En parcourant l’exposition, le spectateur se retrouve pris dans une toile finement tissée qui suit les lignes et les couleurs et qui joue avec les effets d’agrandissement, la lumière, l’ombre, les dimensions et la perspective. Les objets semblent évoluer, progressant vers une forme de perfection, jusqu’à devenir de véritables personnages avec des expressions individuelles, susceptibles d’initier une conversation : une formidable invitation à engager un dialogue sur la technologie, l’auctorialité, l’économie, le marketing, la tradition, le pouvoir et la domination.

 

Els Wuyts

Janvier 2024

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